Nguenar Ndiaye : ‘’le football est en moi’’

Nguenar Ndiaye, l’attaquante internationale de l’AS Dakar Sacré Cœur deux fois sacrée ‘’Femme du match’’ et auteur de quatre buts en deux matchs au tournoi de qualification au TotalEnergies Ligue africaine féminine des champions à Mindelo (24 au 30 juillet) se livre dans cet entretien pour parler de son amour pour le football, de ses hobbies et de ses ambitions.

Question : Depuis quand vous vous êtes mises au football ?
Réponse : En vérité, je ne peux pas vous dire mais ce qui est certain, j’ai l’impression d’avoir toujours joué au football avec des garçons, je ne peux pas vous dire exactement quand mais j’ai toujours adoré jouer au football avec mes amis. Je n’avais pas de copines, moi c’était la compagnie des garçons jusqu’à ce qu’un amoureux du football féminin, Tchampou (Jean Pierre) Corréa des Dorades de Mbour me repère et parle à mes oncles des possibilités qui pourraient s’offrir à moi en jouant dans son équipe. Il est allé parler à mes parents (père et mère) qui ont donné leur bénédiction parce qu’ils savaient que j’adorais le football. Et de fil en aiguille, j’ai commencé à m’entraîner et à jouer aux Dorades, puis à AFA à Dakar avant de rejoindre finalement Dakar Sacré Cœur lors des play-offs de la division 1 cette année (2020).

Question : Votre modèle de footballeur ?
Réponse : C’est Messi (Lionel, l’Argentin du FC Barcelone) parce qu’il sait tout faire avec un ballon. Je veux dans le futur, qu’on parle de Nguenar (Ndiaye) comme on parle aujourd’hui de Messi. Je vais me donner les moyens d’y arriver parce que moi je ne fais rien d’autre que le football. Aucun sport ou aucun autre jeu n’a d’intérêt à mes yeux. Seul le football compte pour moi, est digne d’intérêt et aujourd’hui que j’ai la chance de pouvoir évoluer dans un club de haut niveau et à des compétitions suivies, je me régale et espère atteindre mon objectif : signer dans un club professionnel pour vivre du football.

Question : Quel va être l’impact du TotalEnergies WCL pour votre carrière de footballeuse ?
Réponse : J’en attends beaucoup. Déjà sur le plan du jeu, j’ai vu que les équipes présentes ici sont bien en place et cette compétition n’a vraiment rien à voir avec les matchs joués au Sénégal et même je peux vous dire qu’il est de bien meilleur niveau que le tournoi de la zone ouest A joué en février 2019 en Sierra Leone. Et comme ça marche actuellement pour moi, il va rester définitivement dans ma tête. Ce n’est pas tous les jours qu’on vous nomme ‘’Femme du match’’ dans un tournoi. Et comme je l’avais dit dans les précédentes interviews je veux terminer avec tous les trophées individuels et collectifs possibles à la fin de la compétition.
Question : Quelles sont vos ambitions pour cette saison sportive 2020-2021 ?
Réponse : J’ai eu la chance de l’avoir bien démarré avec AFA en D2 sénégalaise où j’ai marqué 20 buts avant de rejoindre l’AS Dakar Sacré Cœur où j’ai inscrit neuf buts lors des play-offs. Et actuellement, elle continue dans le sens souhaité et ce tournoi m’a convaincu que je peux jouer contre les meilleures. J’apprends tous les jours dans l’approche des matchs et je sais que je peux encore beaucoup m’améliorer notamment devant les buts. Je dois être encore plus une tueuse dans la surface de réparation. Et j’espère qu’à la fin de cette compétition, je vais trouver un contrat professionnel pour signer à l’extérieur et vivre de ma passion de footballeur.

Question : Le football n’impacte -t-elle pas négativement sur votre statut de femme sénégalaise ?
Réponse : Du tout, je fais la cuisine et j’adore mijoter des petits plats même si je ne vis pas avec ma famille. A la maison, je fais régulièrement la cuisine quand je suis avec mes parents. Il est vrai que je ne suis pas dans les grands artifices des canons de la beauté féminine sénégalaise. Mais, je sais prendre mon temps pour me faire belle même si je suis plus à l’aise avec des shorts qu’avec des robes et autres grands boubous. Je reste une femme sénégalaise et le jour où j’aurais un mari, je pourrais accepter de faire des compromis sur l’habillement. Etre footballeur ne veut pas dire être négligent sur les bonnes toilettes. J’aime être très propre sur ma personne, j’adore les bonnes senteurs et j’adore par-dessus tout le football. Et c’est mon centre d’intérêt principale.

Question : Si une jeune fille vient te demander conseil pour faire du football, quelles seront vos réponses ?
Réponse : Je lui dirais la vérité. Que c’est vraiment difficile mais aussi c’est très gratifiant. Que c’est très saint et ça n’empêche pas de vivre sa vie de femme de son époque. Je l’encouragerais à pratiquer le football et à se donner les moyens d’atteindre le très haut niveau. Le football, c’est les grandes rencontres et ça peut vous ouvrir de très grandes portes. J’ai voyagé et j’ai des rêves pleins la tête pour faire de mon principal hobby mon métier. Il n’y a pas plus beau à mon avis. Mais rien n’est donné, il faut savoir se battre et pouvoir accepter des sacrifices. Quand les autres filles font la belle pour aller dans les cérémonies ou faire la fête, on doit être prêt à faire des sacrifices pour aller s’entraîner ou aller jouer au football. Et je peux vous assurer que ce n’est pas facile dans un pays comme le Sénégal.